DIANNE
(Quatrième tentative pour jeter ma bouteille qui coule toujours au fond de la mer et qui ne refait jamais surface)
Toi qui récupère cette lettre. Si tu n’es pas le capitaine Finn Dhus, alors remet ce papier dans la bouteille et relance-la à l’océan. Je t’en remercie.
Capitaine, C’est pleine d’espoir que je t’ai quitté, toi et ton navire. Pleine d’espoir de revenir te voir pour apprendre la mer. Pleine d’illusions donc. J’étais folle de croire que deux âmes voyageuses pourraient se retrouver facilement, dans cet entrelacement de rêves.
Il y a peu j’aurai dit que le voyage était la liberté et que celle-ci n’avait pas de prix. Aujourd’hui je reprendrai mes propos en précisant que la liberté se paie. Elle s’achète avec des séparations et des incertitudes, des temps trop courts et sans retour. Mais je ne passerai pas mes derniers âges à me nourrir de désespoir et de complaintes. Je te sais plus âgé et pourtant la vie t’habitait, rebondissait autour de toi. Je te garderai donc en tête, t’imaginant braver lames et tempêtes. Si je ne peux te revoir, je t’écrirais. Avec espoir que les courants portent les bouteilles jusqu’à ton navire.
Une nuit, dans un rêve, je me suis vue amirale. Mais cette vie actuelle m’a vue naître en pleines terres, loin de tout navire et tout océan. La bibliothèque était ma maison et les livres mes meilleurs compagnons. C’est dans leurs pages que j’ai lu des récits de capitaines et d’équipages. Que j’ai appris le vocabulaire de la mer. Le gaillard, la flèche, la proue, le pont, autant de mots que je rêvais de voir de mes propres yeux. C’aurait pu être un autre mais ce fut toi qui m’a guidé sur ma première coupée. Le temps sur ton pont fut trop court mais suffisant pour comprendre que vivre sur les flots demandait plus que la lecture de quelques pages de vieux bouquins. Dénuée de toute expérience, j’avais bien du mal à suivre des yeux la vie que tu rythmais dans ton navire. Je ne vais pas te mentir, la curiosité a fait suite à l’émerveillement. Un tas de questions résonnaient dans mon cerveau. Mais les évènements ont fait je n’ai pas eu le temps de te les adresser. Crois-moi, c’était une chance pour toi, je peux être très endurante lorsqu’il s’agit d’apprendre. Quoiqu’il en soit, à défaut de t’avoir eu comme capitaine plus longtemps, j’ai tiré de ce voyage de la détermination. La volonté d’apprendre encore, de pratiquer, de naviguer. Qui sait, en restant proche des ports, peut-être que j’aurai vent de ta légende.
Je parlais tout à l’heure du prix de la liberté. Mes propos peuvent l’avoir décrit élevé. Mais on n’arrête pas les courants en tapant du pieds dedans. On les suit, on cherche ses chemins entre les vagues. Toi qui a choisi la mer pour compagne et préféré son roulis à la stabilité de la terre, tu le sais. On n’arrive pas toujours où on le souhaite mais le voyage importe autant que la destination. Aucune entrave ne pourra l’arrêter, il y a toujours un moyen de rester en mouvement. C’est ça aussi la liberté.
Que les vents guident cette lettre vers ta légende. D.
FINN
Le bruit du bouchon enlevé avec un coup de dent , puis celui du vieux marin qui le crache vers le sol. Bercer par la houle dans la cabine du capitaine Finn Dhus. Il s’assoit lourdement sur sa chaise en bois qui grince. Il prend une grande lampée de rhum et voilà que l’un de ses Mousses , sort de derrière une poutre en bois tellement il est fin : d’où son surnom de « Le Maigre ».Il a une caisse de bouteille de rhum , dont l’odeur envahit la cabine très rapidement.
« Capitaine, j’ai récupéré ce que vous vouliez , après avoir fait les stocks. »
« Bien mon ami ! va donc vérifier que les vents sont calmes, pour que je puisse écrire tranquillement…et ne t’envole pas… »
Les deux rient grassement. Le Maigre disparaît vers les escaliers et une fois le capitaine seul , il tire la plume de son encrier et commence à écrire.
Ce message est à destination d’une certaine Dianne Dudeuil , selon le code de la marine, si ce message est récupérer par une tierce personne , je lui demande de le remettre à la mer.
Cher Dianne ,
Je devrais être entrain de faire des choses légendaires pour me faire à nouveau connaitre. Mais entre deux gorgées de Rhum , mon esprit fonctionnant encore un petit peu , j’ai décidé de tenter de vous envoyer des messages par la vieille tradition de la bouteille à la mer.
Je sais que les chances que vous tombiez dessus sont infimes, mais j’y crois , je suis tenace. Il m’a fallu 58 années de vie avant de rencontrer la passion en personne. J’ai vu la flamme dans vos yeux, la même qui briller en moi , quand le capitaine Draco m’a appris comment clouer une Epontille avec deux Entretoise. Si vous rencontrez un marin, demandez-lui un marteau et dites que vous allez lui faire l’Epontoise , vous apprendrez déjà les bases.
Si seulement je pouvais vous apprendre tout ça avec l’air iodé et à l’ombre d’un bonne vieille voile. J’admire votre soif de savoir malgré votre âge mure. Vous sortez du lot ma petite Dianne. Toutes les femmes grisonnante que j’ai pu rencontrer , me faisait penser à des créatures de cauchemar sans vie, qui était esclave de leurs domiciles et de leurs bambins. D’autres que j’ai pu écouter me dire qu’elles étaient trop âgées pour vivre leurs rêves n’est pas votre cas et je m’en réjoui. Vous avez Arimartel mais tout de même libre comme l’air. Je dois me charger de l’avenir de Chochotte , mais si je peux transmettre mon savoir à des passionnés tel que vous , je le ferai jusqu’à mon dernier souffle.
Un certain Jalembert m’a dit que j’étais immortel , s-il a raison , nous avons encore le temps de nous recroiser.
Il faut que je retourne à la barre, mais il s’avère que parfois, quand j’ai le regard dans le vide , devant mon gouvernail , je vous imagine en face de moi , me poser plein de question avec votre sourire charmeur.
Je ne vous qualifierai pas de sirène , parce qu’au moins, vous ne chercherai pas à m’occire.
Votre place est garanti sur la Chrysobelle
Votre dévo
Il ne finira pas sa phrase , écrouler sous l’éthylisme , au sol. Quelques taches de Rhum sur le parchemin. La bouteille sera jeté à la mer le lendemain sans vérification après une bonne gueule de bois, bien charger.
DIANNE
Dianne se réveille en sueur dans son lit. Elle est de nouveau près d’Arimartel et Chrysobelle mais ce n’est pas d’eux dont elle se souvient. Il est encore tôt mais elle ne pourra de toute façon pas se rendormir tout de suite. Elle a un mot à dire à quelqu’un. En cherchant un bout de parchemin, elle tombe sur une lettre qu’elle avait déjà rédigé la veille. Elle se souvient, les souvenirs lui reviennent. Tant pis, la prochaine bouteille aura deux bouts de papier. Avant que les souvenirs de son rêve ne partent, elle attrape un crayon de plomb. Puis, à la lumière d’une bougie, commence à rédiger.
Toi qui récupère cette lettre. Si tu n’es pas le capitaine Finn Dhus, alors remet ce papier dans la bouteille et relance-la à l’océan. Je t’en remercie.
Capitaine,
Ca va faire 2 semaines que j’ai quitté la Chrysobelle avec Arimartel et… Chrysobelle. Cette histoire me fera toujours sourire. Bref, comme je l’ai dit dans ma lettre précédente, je suis restée assez proche des ports et j’ai discuté avec plusieurs vieux marins. L’un d’entre eux m’a même proposé de me montrer quelques gestes basiques et c’est avec une certaine fierté que je peux te dire que ça y est, j’ai réussi à hisser puis serrer ma première voile. C’était une bien petite voile par rapport à celle de la Chrysobelle, la mer était calme et je me suis tout de même retrouvée sur le séant à un moment. Mais il n’y a pas d’âge pour apprendre ! Cela dit, comme tu peux t’en douter, Arimartel ne m’épargne pas depuis.
Dans le dernier port où je me suis arrêtée, j’ai pu faire une ou deux soirées dans des tavernes de marins. Vous savez boire vous, les hommes de la mer ! Heureusement que Chrysobelle pouvait garder Arimartel, j’aurai fait une bien mauvaise tutrice à ce moment là. Et puis vous chantez aussi. Beaucoup. Et mal. C’était génial. A force de menacer un marin de ne pas lui rendre son verre s’il ne me répondait pas (il était vraiment petit), j’ai réussi à obtenir une information primordiale. Il paraît que tu as ta propre chanson. Mais le bon gars ne semblait pas la connaître, ou l’alcool la lui avait faite oublier. Tant pis, je chercherai plus tard.
Pour remercier tout le monde de leur accueil, j’ai offert mes services de scribe. J’ai écrit tout un tas de lettres pour que les gars puissent donner de leurs nouvelles à des proches. Y en a qui ont des histoires touchantes. Comme l’un d’entre eux qui a un jour traversé une déchirure des rêves involontairement et, sans attache dans ce nouveau rêve, a choisi de prendre la mer. Il m’a confié la lettre en me demandant de l’envoyer à travers la première déchirure que je pourrai croiser si je ne la traverse pas moi-même. J’ai discuté un petit peu avec lui et il m’a expliqué le problème des perditions. Je me souviens en avoir vu une dans le même rêve dont je te parlais dans la lettre précédente, lorsque j’étais amirale. De ce qu’il m’a dit, il est très probable que cette perdition ait condamné tous les navires et marins pris dedans…
Fais attention à toi Capitaine. Penser à toi me fais sourire, mais je préfèrerai quand même réussir à te revoir un jour. Alors si tu vois une perdition, gonfle la voile et fait demi-tour. Si j’ai bien compris, tu as une légende à reconstruire.
Je t’enverrai une prochaine bouteille bientôt, lorsque j’aurai enfin trouvé ta chanson.
Que les vents guident cette lettre vers ta légende. D.
Et, sur un deuxième bout de papier rouler en boule, on pourra trouver dans la bouteille
Toi qui récupère cette lettre. Si tu n’es pas le capitaine Finn Dhus, alors remet ce papier dans la bouteille et relance-la à l’océan. Je t’en remercie.
Finn ! Par toutes les mers et les océans, tu as intérêt à être vivant. Je me réveille tout juste d’un rêve. Mais quel rêve. Enfin je t’ai revu et je ne peux que croire que tu as vécu ce rêve également. Je le sens. La dame sur le trône, celle du rêve, grâce à toi nous avons pu la revoir. Comme tu le sais, elle devait accéder à nos requêtes. Devant elle, je n’ai rien pu demander d’autre que de te revoir. Vivant. Alors quand elle m’a annoncé que tu n’étais pas mort et que l’on se reverrait, je l’ai cru. Et je le crois toujours, je m’y accroche. Je me suis réveillée (en sueur) dans mon lit, près d’Arimartel et Chrysobelle. Alors pourquoi pas toi ? Et puis, mourir dans un rêve et se réveiller en pleine forme, je l’ai déjà fait deux fois. Ah ! Pour une fois que je suis celle avec de l’expérience ! Jeunot. Depuis que je me suis réveillée, je n’ai de cesse de revoir cette scène finale. Tu cherches à redevenir la légende que tu as étée. Sache que là, dans ce village, tu avais tout d’un héros. Isidore, je l’en remercie, ne m’a pas laissé te rejoindre mais il n’a pas pu m’empêcher de regarder. Je t’ai vu, brave, courageux et insolent. Et je t’ai entendu. Je t’ai entendu prononcer des mots que je n’oublierai pas. Reste en vie, vieux loup des mers. Reste en pleine forme et parfois revient près des ports. Dans l’un d’entre eux, je t’attendrai.
Ma lettre ne sera pas plus longue, mais je finirai avec une promesse. Si mes mains s’endurcissent sur des cordages, je saurai faire de meilleurs massages.
Que les vents guident cette lettre vers ta légende. D.
PS : il me semble que j’ai un livre à récupérer.
FINN
Un léger sursaut réveil le capitaine de la Chrysobelle , qui est en sueur sur un lit de fortune dans sa cabine. Petit Jambon frappe à sa porte lui demandant ce qu’il ne va pas. Finn lui répond que ce n’est rien, un mauvais rêve…Mais avec du bon. Beaucoup de chose lui traverser l’esprit et il devait vite écrire depuis qu’il a pu revoir Dianne. Le Capitaine enfile ses apparats de dirigeant de se navire et remonte sur le pont. Il regarde son équipage , qu’il ne changerai pas , pour rien au monde. Il va voir Chochotte et lui prend ses joues tremblante. Un sentiment de fierté traverse le Capitaine, quand il voit que malgré qu’il claque des dents, ce peureux tiens le regard. Finn lui dit de montée sur le mat et de garder les yeux ouverts pour repérer le prochain navire marchand et que si il s’endort, il monterai lui même , lui mettre une grosse baffe dans sa face. Ayant appris que Chochotte fut un grand Capitaine, il décide de passer à la vitesse supérieure avec lui. Finn annonce ensuite à son équipage qu’il faut redoubler d’effort pour entrée dans la légende et ils vont donc reprendre la piraterie. L’équipage s’envoie un godet de Rhum et le Capitaine se diriger pour Skipper une petite heure avant de s’égosiller à appeler l’Anguille, qui ne daigne pas se montrer. Il souffle et demande alors au Maigre de prendre sa place. Le Capitaine arrête alors de bomber le torse , lorsqu’il est seul. Il s’assoit lourdement sur sa chaise. Il reste un instant immobile, comme perdu et il s’empare d’un crayon à mine de plomb et d’un parchemin.
Ce message est à destination d’une certaine Dianne Dudeuil , selon le code de la marine, si ce message est récupérer par une tierce personne , je lui demande de le remettre à la mer.
Chère Dianne,
Je crois avoir dit à Rhys , que j’étais trop vieux pour ses conneries lors de cette étonnant rêve qui nous a réunis , mais malgré ma mort , je ne me suis jamais senti aussi vivant et jeune. Je ne suis qu’un vieux marin sans quelconque éducation et je ne comprend pas toujours ce qu’il se passe avec les rêve , car apparemment nous étions dans un rêve et dans ce rêve nous avons rêver. Mais je ne suis pas devenu une légende en me posant autant de question. J’ai plus souvent suivi mon instinct. Et aujourd’hui , plus que jamais, mon destin dit que je dois reprendre véritablement du service en tant que terreur des mers.
Ce rêve m’a aussi beaucoup aider à savoir quoi faire. Je vais m’occuper de l’éducation de Chochotte , pour qu’il devienne le fameux capitaine Chester que certains ont pu voir. Je vais recommencer la piraterie , jusqu’à mon dernier souffle.
Si vous êtes encore vivante Dianne et que vous êtes en compagnie des gaillards qui était avec nous, restez bien avec eux, ce sont des héros. Je n’ai malheureusement plus la chanson d’Oyoulé , mais j’ai constater que j’avais encore le livre que je vous avais offert et en refaisant mes comptes, que je n’avais finalement pas payer cette robe bleue , qui vous allez si bien, malgré sa grande taille. C’était une stratégie pour que vous tombiez et que je vous rattrape dans mes bras qui ne sont pas encore si fébrile que cela.
Continuer d’apprendre dans les ports, j’essayerai de survivre…Quand vous avez décrit avoir revue à quoi je ressemblais, quand j’étais jeune, je me suis dit que ce ne serait pas si mal , si je m’arrêtais là , avec la chance que les dragons, me redonne l’apparence qui vous a faite chavirer , vous l’Amiral Dianne. J’aimerai que ma vie aujourd’hui, soit celle que nous avons vue dans ce rêve, que je vous embrasse au bord de la mer qui approuve cette affection mutuelle avec le bruit de ses vagues. Une larme coule sur le papier, à défaut du Rhum.
Il n’y a qu’à vous que je peux avouer ma faiblesse. Je veux redevenir une légende, à mon age , alors que je me suis fait occire par des paltoquets. Si j’avais trente ans, je les aurais tous éliminer un par un. Quelle piètre prestation.
Que dis-je , je me battrai jusqu’à mourir avec panache. Je ne réclamerai pas la mort , j’irai lui proposer à plusieurs reprise, une partie de dé jusqu’à perdre. Vos chants pourraient faire fuir tous les requins des océans, vos massages, brisé le dos des plus solides hommes, mais que ce soit dans cette vie ou dans une autre , jeune ou vieux , sur terres ou sur les mers , je vous retrouverai Dianne. Ce que j’ai dis avant de mourir, je ne le regrette pas.
Blaireux descend et viens prévenir le Capitaine que Chochotte à repérer un navire marchand. Le Capitaine se lève d’une traite après avoir mis la lettre dans la bouteille et la bouchonner. Il monte sur le pont, prend sa longue vue et là , l’Anguille glisse sur un cordage, faisant des étincelles sur ses mains sans se brûler et attéri à coté de Finn. Finn grimpe sur le pont supérieur.
Messieurs, il est temps pour nous de les faire pisser dans leurs frocs. On va utiliser une méthode en hommage à Charles. Préparer les tissus. Mettait la voile carré , on va la prendre cette salope et s’assurer qu’elle ait notre tronche ! A l’abordage bande de bite molle !
Allongée dans une barque de pêcheur, la face levée vers les étoiles, Dianne se laisser bercée par le doux roulis de son embarcation. Le léger bruit des vagues venant taper contre son bois tient seul compagnie à la femme. Mais a-t-elle besoin de compagnie ? Son regard est perdu dans le ciel nocturne et son esprit dérive vers l'homme qu'elle désire revoir. Dianne se laisse quelques minutes immobiles avant de se rasseoir. Elle vient tout juste de jeter les cannes à pêche, le poisson ne va pas mordre tout de suite. Elle a donc le temps. Elle attrape son nécessaire d'écriture et commence à rédiger.
Toi qui récupère cette lettre. Si tu n’es pas le capitaine Finn Dhus, alors remet ce papier dans la bouteille et relance-la à l’océan. Je t’en remercie.
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Très cher Finn Dhus,
Ce soir je reprends la plume pour t’écrire une dernière lettre avant longtemps. Je vais bientôt devoir quitter les ports et bords de mer qui ont été mon décors pendant un bon moment, et retourner dans les terres. Je reviendrai vers les côtes, comme je te l’ai promis.
Reçois-tu mes lettres ? As-tu conscience que ce rêve avait quelque chose de réel ? Es-tu toujours sur les flots ? Sur ces flots que je regarde chaque soir ? Tu pourrais avoir disparu dans une perdition sans que jamais je ne le sache. Mais cela ne m’empêchera pas d’attendre. Et puis, attendre dans les ports en écoutant les histoires de marins et en apprenant à remonter un filet de pêche, il y a pire situation. Cela me plaît. Cela dit, je préfère toujours l’odeur d’un vieux livre à celle d’un poisson de la veille, je crois qu’aucune épopée maritime ne pourra changer cela.
En parlant d’épopée, j’ai enfin trouvé quelqu’un qui connaît la chanson de ta légende ! (je ne te dirai pas l’âge de ce brave homme pour ne pas te blesser). Je te l’ai copiée, tu la trouveras sur la seconde lettre dans cette bouteille. Sache que ta légende n’est pas morte, Arracheur d’Oreilles.
Et maintenant que j’y pense, je me demande si le marin n’avait pas une oreille en moins. Peut-être une de tes vieilles connaissances.
Prends garde à toi et à ton équipage, capitaine. Continue de voguer sur l’écume de l’aventure. Et si nos chemins ne se croisent plus dans cette vie déjà avancée pour chacun, je sais que nous nous reverrons dans un nouveau rêve. Ce n’est pas la première fois que nos vies sont liées. Ce baiser d’une vie passée n’est qu’un aperçu de ce qui nous attend. La première gorgée d’une très bonne bouteille de rhum.
Que les vents guident cette lettre vers ta légende.
D.
Sans réfléchir, Dianne dépose un baiser sur la lettre. Elle sourit à ce geste naïf qu'elle pensait provenir du monde des contes enjolivés. Mais il faut croire que non. Gênée, elle regarde un peu autour d'elle mais ce n'est que le noir de la mer avec elle, les lumières du port sont bien trop loin pour que quiconque ait pu voir. Souriante, elle hausse les épaules et roule la lettre avant de la mettre dans une bouteille.
Elle sort de sa besace un second parchemin, qu'elle ouvre et relit. C'est une chanson. Dianne commence à fredonner l'air et finit par chanter à voix haute. Cette performance n'avait que pour seul public éventuel des poissons, et de vous à moi, c'est une bonne chose.
Je vous raconterai, l’histoire d’un capitaine
Qui ne pourra mourir, qu’en chassant le kraken.
Je vous raconterai, l’histoire d’un équipage
Faite de grand courage, voyages et abordages.
Des filles dans chaque port, l’attendent chaque soir
Et tous sur les vagues, connaissent son histoire.
Car oui c’est un pirate, qui course le Soleil,
Celui que l’on dénomme, oh l’arracheur d’oreilles.
O Cap’taine Finn ! Vogue, vogue sur les flots
O Cap’taine Finn ! Règne, règne sur les eaux, yo oh oh (x2)
Avec le vent en poupe, il s’élance vers l’ennemi
La manoeuvre est aisée, les armes sont sorties.
Devant tous les matelots, se jette le capitaine,
Qui armé de sa hache, donne la mort soudaine.
Tous ceux qui veulent se rendre, pourront être épargnés
Mais les moins convaincus, pour eux aucune pitié.
Devant les prisonniers, le capitaine s’avance
L’oreille du chef ennemi, n’aura pas d’seconde chance !
O Cap’taine Finn ! Vogue, vogue sur les flots
O Cap’taine Finn ! Règne, règne sur les eaux, yo oh oh (x2)
Il en a eu des prises, des trésors à foisons,
Il aurait pu cesser, s’acheter une maison.
Mais son coeur de pirate, ne voulait que voguer,
Sentir sur son visage, cingler cette eau salée.
Puis pour vider ses bourses, il mouillait triomphal,
Et pour quelques donzelles, il montait la grand voile.
Mais toujours repartait, sans regard en arrière,
Le yeux vers l’horizon, grand écumeur des mers.
O Cap’taine Finn ! Vogue, vogue sur les flots
O Cap’taine Finn ! Règne, règne sur les eaux, yo oh oh (x2)
Dianne ajoute également ce parchemin à la bouteille, qu'elle referme solidement. Debout, sur le navire, elle lance la bouteille à la mer et regarde le petit objet de verre éclairé par la lune, scintiller à la surface de l'eau. Elle finit par se retourner vers ses cannes à pêches. Hum, aucun poisson ne semble avoir mordu. Peut-être n'aurait-elle pas dû chanter.
Le Capitaine Finn Dhus contemple les deux derniers parchemins vierges de son étui , réfléchissant à ses mots. Assis au bord d'un fleuve, seul source pouvant lui rappeler la mer qu'il a dû quitter encore une fois brutalement. Il se saisit de quoi écrire et se frotte les yeux.
"Ce message s'adresse à Dianne Dudeuil,
si vous n'êtes pas elle, selon le code d'honneur de la marine,
ayez l'obligeance de le remettre dans sa bouteille et de le rendre à la mer.
Crois le ou non ma chère, mais j'ai une fois de plus était contraint de quitter la Chrysobelle. Les dragons ont l'air d'aimer me voir crapahuter dans tous les rêves. D'ailleurs, de tous les rêves que j'ai pu faire, me montrant mes vies antérieures , pas un jour ne passe sans que je ferme les yeux pour revoir notre becquotage dans la barque. Me sentir si jeune. Que je regrette ses années avec ma gueule de blondinet.
Figure-toi que ma vieille carcasse a intéressé un tigre vert lorsque je suis arrivé dans ce nouveau monde dénué d'étendue marin. Je t'écris proche de ce fleuve , seul petit havre de paix pour quelqu'un qui a toujours eu le mal de terre.
Pour en revenir au tigre, il m'a bouffé le flanc et j'ai bien failli y rester, mais une jeune guérisseuse m'a soigné avec l'aide du capitaine Draco , un bordel et un escroc. Mais pas seulement, puisqu'il était accompagné de la nouvelle incarnation de Charles. Mon ami, mon frère, mon quartier maître. Voilà que les dragons nous ont réunis. Malheureusement, j'ai eu pas mal de difficulté à le convaincre qu'un vieux rabougri comme moi , était son capitaine et complice de toujours.
En tout cas, je peux te dire une chose Dianne, c'est que je suis vraiment une légende et que même si je vieillis et que tous ceux qui me connaissent sont pour la plupart six pied sous terre, au moins les dragons eux, savent que je suis le meilleur capitaine de tous les âges, parce qu'ils m'envoient toujours sauver ceux qui ont besoin d'un meneur de navire.
Je suis dans une situation assez compliquée, mais pour retrouver la mer , je dois me battre contre une cité entière, alors il se peut que tu ne reçoives pas ce message, mais un autre ou je te fais mes adieux, car je serai mort. Si c'est le cas, ce sera Charles qui jettera la bouteille que tu trouveras à la mer, mais si tu lis ses lignes, c'est que j'ai réussi à retrouver mon environnement et que j'ai pu lancer la bonne bouteille sur cette nouvelle mer inconnue, ou j'espère te trouver ma belle.
Mais assez parler de moi , j'espère que l'enthousiasme qui te caractérise , ne s'est pas estompé et que tu continues d'apprendre à naviguer. Retrouvons-nous et partons vers le soleil couchant, menant le gouvernail à bâbord et à tribord. Tu es la figure de proue de mes pensées, la Fanal qui éclaire une bien sombre vie qu'est la mienne.
Si tu vois mon équipage avant moi , dit leurs que je les retrouverai également, mais L'Anguille te verra avant que tu ne le vois.
Muscle toi pour pouvoir actionner le Winch la prochaine fois.
Et rappel moi de ne plus t'offrir de robe, je sais que ce n'est pas ton truc."
Finn Dhus finit sa bouteille de rhum et met le message à l'intérieur. Il se lève, peine à trouver l'équilibre et contemple ce bois qui lui rappel qu'il aura toujours le mal de terre. Puis il amorce sa marche vers le campement.
Assise sur sa couche dans un dortoir plein d’âmes endormies, Dianne sort une feuille de parchemin. A côté d’elle, déjà prête, se tient une bouteille récemment vidée, un peu de bière encore à l’intérieur. Dianne renverse la bouteille pour essayer de récupérer les dernières gouttes. Deux d’entre elles tombent sur les draps, l’une est alcoolisée, l’autre salée. Dianne s’essuie la joue, prend une plume et commence à écrire.
Toi qui récupère cette lettre. Si tu n’es pas le capitaine Finn Dhus, alors remets ce papier dans la bouteille et relance-la à l’océan. Je t’en remercie. -----------------------
Finn Dhus, J’ai de nouveau été embarquée dans un voyage qui m’éloigne de toi. Il y a peu j’ai traversé une déchirure des rêves et je me retrouve à un endroit bien loin de toute mer. C’est dingue, je crois que je m’étais habituée à ta présence dans l’air salé de la mer, dans le rire des marins sur les ports, dans les chants du soir dans les tavernes, dans les cloques sur mes mains. Tout cet univers me ramenait à toi et compensait ton absence. Sans parler du fait que je m’y sentais à l’aise, j’apprenais toujours plus. Mais là il n’y a plus rien, et tu me manques si fort. C’est dingue comme tu me manques, Finn, alors que nous nous sommes si peu vus. La chose la plus récente à laquelle je peux me rattacher est un rêve dans lequel je t’ai vu. Crois-moi, je préférais celui du baiser plutôt que ce dernier où je t’ai vu te faire décapiter et moi brûler vive. Quoi de mieux qu’un tel rêve, pour partir à l’aventure de bonne humeur ? J’ai d’ailleurs un très mauvais pressentiment que j’essaie de garder en moi. Mais tout va bien se passer, j'en suis sûre.
Enfin non, ici la situation est horrible. Le vin n'arrive plus à la ville alors que le temps est normalement à la fête... Bref, alors que je m’efforçais de rester dans les ports pour te revoir, sans prévenir les dragons en ont décidé autrement. La déchirure nous a laissé dans un lac. C’est là que je me suis rappelée que bien que je rêvais de rejoindre un navire, je n’avais jamais appris à nager. Je ne faisais pas la fière, tu aurais bien ris de la scène. Ce groupe avec qui je voyage… Certains moments ont été compliqués, tous les caractères ne sont pas faits pour s’entendre. Tu le sais, j’ai grandi parmi les livres. Et si j’aime les livres, c’est qu’on entre rarement en conflit avec eux. Alors je n’ai pas eu à me faire ma place dans ce monde en usant de ma voix ou de mes poings. Je n’ai pas ta verve ni ta voix tonitruante. Une chose de plus qu’il faudra que tu m’apprennes. J’avais repris espoir lorsque nous avons croisé une tour pouvant créer des déchirures des rêves ! Malgré tous les dangers que cela signifie, je m’étais dit “Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas tenter ma chance.” Rigoles de ma naïveté si tu le souhaites, mais je voyais déjà cette tour entière sortir d’une déchirure des rêves en pleine mer, et alors qu’elle s’en va par le fond, la figure de la proue de la Chrysobelle qui émerge de la brume devant moi et à laquelle je me rattrape, pour te rejoindre et ne plus te quitter. Une scène digne des légendes ! Mais les légendes ne sont pas toutes réelles, nous ne sommes pas tous des arracheurs d'oreilles. J’imagine que je ferai donc ce que les dragons veulent que je fasse, bien que je ne sache pas encore ce dont il s’agit, si ce n’est que cette destinée est fortement liée au feu, au sang et à la mort. Tout ce qu'on aime !
J’irai jusqu’au bout Finn, je te le promets. Je me le promets. Je sais que les dragons nous réuniront dans d’autres rêves, un jour. Je vivrai cette vie jusqu’au bout, même si je dois mourir dans cette ville, en brûlant sur ces toits (promis, je vais éviter). Au final, écrire cette lettre m’a fait du bien. Il fallait que je le fasse. Merci à toi de rester autant dans mon esprit. Sans le savoir tu es un phare pour moi, me gardant de m’écraser sur les rochers de la mélancolie. (je pense sincèrement me mettre à la poésie, plutôt que de m'obstiner avec les massages...) A défaut d’avoir la mer, je crois que je lancerai ce message dans la rivière en espérant que celle-ci voyage assez loin pour rejoindre la grande étendue d’eau, sur laquelle tu ne te trouves sûrement pas. Celle qui t’aime à travers les rêves, Dianne PS: Ma petite déprime du début m’a coûté mes cheveux. S’ils n’ont pas encore repoussés d’ici à ce que l’on se retrouve, j’espère que ce n’était pas seulement ma tignasse jamais coiffée qui avait réussi à attirer tes yeux expérimentés en matière de femme.
Dianne roule la lettre, un geste qu’elle ne se lassera jamais de faire. Elle renverse la tête et secoue encore une fois la bouteille au dessus de sa bouche. Sait-on jamais, il ne faudrait pas gâcher. Malheureusement, celle-ci semble vraiment vide et Dianne a beau rester quelques minutes, l’œil dans le goulot, à la tenir comme une longue vue, aucun flot mousseux ne fait son apparition dans la bouteille. Dianne soupire, place la lettre dans le récipient et le referme. Demain, sans grand espoir que celle-ci n’atteigne la mer, elle ira la lancer dans la rivière. En attendant, elle s’endort en fredonnant un air de chant marin.
Quelle tristesse ... D'après les lois "draconiques" de ce rêve, on peut dire avec certitude que la bouteille n'arrivera jamais à la mer.
Qui sait, un jour peut-être les lois changeront. Prépares-toi le jour où un groupe d'anarchistes entrera dans ce rêve... Ils seront la porte de sortie de ma bouteille.
L'espoir ! c'est ça la clé ! Tu as fait fort Kapir, je vais répondre dés que possible ^^
Le soleil tape sur le coque du navire de Finn , proche de cette île mystérieuse. Le Capitaine guette à l’aide de sa longue vue, une possible activité sur les terres. Il s’étire et fredonne un air marin et nostalgique. Il range sa longue vue et se dirige vers sa cabine dans l’optique d’essayer une nouvelle bouteille pour Dianne. Par chance, il y avait des bouteilles vides , c’était pour lui le bon moment, car il n’y avait personne ou presque pour le déranger.
Ce message venu des mers s’adresse à Dianne Dudeuil. Si vous n’êtes pas elle , renvoyez le sur les flots.
J’aimerai Dianne, ma chère et tendre , que tu sois là avec moi. Tu rates une belle chasse au trésor. Une chasse que j’avais entreprise et échouer quand j’étais plus jeune. J’ai des alliés très aventureux qui se sont lancés dans une perdition pour continuer de chercher des indices. Je laisse place au jeune et je préfère rester à mon navire en cas de coup dur.
Mais tu es tout simplement le seul trésor que je veux réellement trouver. Jadis on m’avait raconté une histoire sur une boussole qui avait le pouvoir d’indiquer la direction de ce que l’on désirer le plus. Si seulement je l’avais, je saurai ou allez pour me retrouver dans tes bras.
Je divague encore avec mes histoires, mais ça me permet de ne pas perdre espoir de pouvoir te revoir. Je me demande dans quelles circonstances ce sera. Seront nous sous nos incarnations actuelles ou devront nous reprendre à zéro. Je tiens le coup , mais pour combien de temps encore.
Parfois je me dis que c’est absurde d’écrire ses lettres d’amour. J’ai l’impression d’avoir 20 ans quand j’essayais les belles-lettres pour attirer une femme dans chaque port. A mon âge je ne perdrai plus de temps à tout ça , maintenant que j’ai enfin un amour authentique pour toi , je fais encore cet effort.
En tout cas, j’espère que tout se passe bien de ton coté, que personne ne te porte préjudice. Je sais que tu es une femme qui peut indépendamment se protéger d’elle même , mais si tu ne le peux pas , attends-moi et nous jetterons tes ennemis aux requins.
Je me souviens avoir rencontré un homme qui m’avait dit ceci, "Il faut garder en mémoire nos rêves, avec la rigueur du marin qui garde l’œil rivé sur les étoiles. Ensuite, il faut consacrer chaque heure de sa vie à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour s'en approcher car rien n'est pire que la résignation." Alors je n’abandonnerai pas, car mon rêve c’est toi.
Je suis un marin et tu ne seras pas choqué par mes propos , mais je serai cru. Je veux te prendre avec fougue au milieu des dunes de sable blanc, pendant que les vagues frappent les rochers et les brisants.
Je pourrai en rajouter mais j’ai du travail, je dois vérifier les haubans avant d’enclencher un cercle d’évitage autour de ma zone de mouillage.
Je t’aime Dianne. Signé un vieux loup de mer , qui sera comblé s’il est au moins une légende rien qu’à tes yeux.
Finn met le parchemin dans la bouteille , la bouchonne et la lance dans la mer des brouillards. Il se déplace jusqu’à la couche de sa vieille connaissance qui l’accompagne. Il lui donne un coup de pied pour le réveiller.
Finn : Allez Parrot , lève tes miches !
Parrot : J’arrive j’arrive, mais...ça me fait mal de te voir sourire vieux hareng. Que t’arrive t-il ?
Finn reprenant un air désabusé : Rien qui fera manœuvrer ce bâtiment , Parrot !